Un potager bio facile à cultiver

Publié le par Vavou

Ne pas nuire à notre santé et notre environnement est devenu l’objectif premier de tout jardinier responsable. Depuis janvier 2019, les jardiniers amateurs comme les services espaces verts des villes ne sont autorisés qu'à employer des produits de biocontrôle, les produits qualifiés à faibles risques et ceux utilisables en agriculture biologique. Les produits issus de la pétrochimie, estimés polluants ou nocifs pour notre santé sont donc interdits d'emploi. 
 

Mélange de légumes, aromatiques (Perilla) et fleurs (Cosmos) au potager

Mélange de légumes, aromatiques (Perilla) et fleurs (Cosmos) au potager

1- Quel sont les produits autorisés en agriculture biologique ?

Une large gamme de produits naturels à efficacité avérée a vu le jour comme :

des substances naturelles d'origine végétale, animale ou minérale, 

- des macro-organismes (coccinelles...) et micro-organismes (bactéries, champignons, nématodes...),

- des médiateurs chimiques (phéromones, kairomones*...)

La gamme des produits destinés à une agriculture biologique s’étend de plus en plus et s’oriente notamment vers l’emploi des auxiliaires de culture. Cependant ces organismes vivants ne sont pas toujours simples à utiliser pour l'amateur car cela exige de connaître le ravageur et son cycle de développement, d'effectuer des comptages... Je vous propose d'évoquer les principaux moyens de lutte ou de prévention actuellement sur le marché, simples à utiliser.

 

*la kairomone est une substance émise par une espèce agissant sur une autre espèce animale à la différence de la phéromone qui agit sur la même espèce (substance émise par la femelle pour attirer le mâle en général).

2- Connaître son ennemi pour mieux le cibler

Comme dans toutes luttes, il est bon d’identifier l’ennemi avant d’imaginer une tactique d’attaque. Le nom de la plante, les symptômes, la saison à laquelle sont observés les dégâts sont autant d’indices qui peuvent vous aider dans son identification même si elle reste d’ordre général :

Rouille sur rose trémière – photo Vavou

- les maladies se repèrent aux taches, décolorations, marbrures, pourritures, sporulations. Elles sont dues à des champignons, bactéries ou virus. Certaines maladies sont transmises par des insectes piqueurs-suceurs contre lesquels il convient de lutter.

Crispation des feuilles de poirier par des pucerons – photo Vavou

- les insectes agissent par morsures, piqûres (pucerons, thrips), trouées dans les feuilles, tiges ou fleurs et provoquent parfois une crispation voire un gaufrage des feuilles,

- les acariens (minuscules araignées rouges ou jaunes) décolorent les feuilles en vidant les cellules et tissent parfois des toiles,

- les mollusques (limaces, escargots) consomment la plante en laissant des traînées argentées.

 

A- Les produits insecticides

Le traitement d’hiver à base d’huiles (paraffine, colza) agit contre les formes hivernantes des insectes et acariens. Il s’applique essentiellement sur les troncs et branches des fruitiers. Il est bon de le compléter dès le printemps par la pose d’un collier de glu qui piège les insectes tels que chenilles, fourmis et ceux qui cherchent à hiverner sous l’écorce à l’automne.

Collier de glu autour d'un fruitier - Photo Vavou

En curatif, les produits issus du pyrèthre Chrysanthemum cinarariaefolium (ou pyréthrine) parfois mélangés à de l’huile de colza sont les plus courants. Réservez-les aux jeunes plantes encore fragiles (rosiers ou fruitiers) et aux cas difficiles comme aux pommiers envahis de pucerons cendrés et lanigères. Attention le pyrèthre ne fait pas le tri, il agit par contact en paralysant tous les insectes. Appliquez-le le soir et n’abusez pas de son emploi (2 fois/an maximum).

Une autre option est le savon noir, fabriqué à base de potasse, qui agit aussi par contact sur les insectes présents au moment de l’application. Il est à diluer dans une eau douce ou légèrement acide (ajoutez du vinaigre au besoin). Contre les jeunes cochenilles, ajoutez une cuillère à café d’alcool à brûler par litre de préparation. Refaites un traitement 1 h après, un nouveau au bout d'une semaine, un quatrième si besoin. 

Enfin le purin d'ortie est un insecticide et acaricide reconnu à utiliser tous les 7 à 15 jours contre les pucerons, l'acarien rouge du haricot, le carpocapse des fruitiers, l'altise.

L’extrait de neem, un arbre indien (Azadirachta indica) est désormais interdit. Il avait l’avantage d’agir par ingestion, épargnant tous les insectes qui viendraient simplement à se poser sur la plante. Il bloque aussi la mue des larves et possède un effet répulsif.

B- Les produits fongicides (contre les maladies)
Oïdium sur feuilles de courge

Contre le « blanc » ou oïdium, le soufre est toujours très efficace quelle que soit la plante. Il agit par contact et par vapeurs en préventif. Il freine également les acariens (érinose de la vigne) et la tavelure. Évitez de traiter au-delà de 28°C car il peut être toxique pour les plantes et pour l’applicateur.

Les produits à base de cuivre sont très efficaces contre un grand nombre de champignons et bactéries (pas de phénomène de résistance). Le sulfate de cuivre ou bouillie bordelaise, peut cependant avoir un effet dépressif sur des plantes en feuilles. Préférez alors l’oxychlorure de cuivre ou l’hydroxychlorure de cuivre. Ils s'utilisent à plus faibles doses que la Bouillie Bordelaise, ont aussi une action préventive par contact et agissent pendant 2-3 semaines, le temps d’une repousse mais ils sont plus facilement lessivés que la bouillie bordelaise. En raison de la toxicité du cuivre (non dégradable) pour les sols, n'hésitez pas à diviser les doses par deux du cuivre (du soufre aussi) en ajoutant un mouillant qui permet une meilleure fixation du fongicide sur les feuilles : du lait écrémé à raison de 1 l pour 10 l de préparation (le lait est aussi fongicide et bactéricide) ou du savon liquide (10 g/l). Utilisez un pulvérisateur à fine buse pour éviter que la solution ne ruisselle jusqu'au sol.

Les purins ont une action fongicide, fertilisante, parfois insecticide et n'ont pas d'effets secondaires sur la plante ou l'environnement à condition de respecter la concentration.

Le purin de prêle (Equisetum arvense) possède un effet préventif et curatif, notamment contre les maladies dites "humides" comme le mildiou mais aussi contre la tavelure, les champignons des racines (fusariose...), la pourriture grise (botrytis), la moniliose des fruitiers, la maladie des taches noires du rosier... Vous pouvez simplement mêler la prêle au paillage étalé au pied des plantes à raison de 90 g de tiges broyées par litre de paillis.

Le purin d'ortie agit, d'après certaines auteurs, davantage contre les maladies "sèches" comme l'oïdium, la rouille mais aussi contre la fonte des semis mais de façon uniquement préventive. Il possède en outre de nombreuses fonctions stimulantes, élicitrices c'est-à-dire qu'il stimule les défenses immunitaires de la plante. Il agit aussi comme insecticide contre le puceron, le carpocapse, l'altise...

Et plus besoin d'attendre des jours pour faire "mûrir" le purin, on trouve désormais des préparations toute faites à diluer et à appliquer immédiatement, qui se conservent plus de 6 mois après ouverture. 

 

C- Astuces et autres moyens de lutte

- en serre ou véranda, les pièges jaunes (cartons englués) – destinés à attirer les aleurodes, pucerons volants, mineuses – ou bleus contre les thrips,

- le jet d’eau appliqué sur les pucerons ou sur le feuillage pour repousser les acariens,

- le filet anti-insectes très efficace contre la mouche de la carotte, le ver du poireau et les altises qui ravagent les navets, radis, choux. Il s’utilise aussi contre les doryphores et les piérides du chou.

- la Lécithine  présente dans le jaune d’œuf ou les graines de tournesol est un fongicide qui agit en préventif et curatif contre l'oïdium, le mildiou de la Tomate et  de la Pomme de terre, les taches noires du rosier, la cloque du pêcher, l'alternariose.

- les pièges à phéromones contre le carpocapse du pommier et poirier, la mouche de la cerise... (bien l'appliquer au bon moment).

Trichoderma asperellum T 34, est une souche de champignon sélectionnée pour son agressivité contre la fusariose, le pythium et autres champignons qui bouchent la circulation de la sève. Il stimule également la croissance des plantes.

- les plantes répulsives comme l’œillet d'Inde, la tanaisie.

- les huiles essentielles comme celle à base d'ail  qui a un effet insecticide.

- le vinaigre (acide acétique), l'eau bouillante pour lutter contre les mauvaises herbes...

 

Je vous invite à consulter le site de l'ITAB Institut de l’Agriculture et de l’Alimentation Biologique qui vous informera sur les dernières homologations de produits naturels pour vous aider à lutter sainement contre les ennemis du jardin.

 

3- Qu’est-ce que la lutte biologique ?

La lutte biologique qui fait partie de la P.B.I (Protection Biologique Intégrée) concerne l’emploi de petits animaux vivants – insectes, nématodes, acariens…– capables de venir à bout de ravageurs des plantes. Ces auxiliaires du jardin sont soit des prédateurs comme la coccinelle, soit des parasitoïdes qui rentrent dans le corps du ravageur et s’en nourrissent, soit vecteur de maladies tel le Bacillus thuringiensis, une bactérie renfermant une toxine qui s’attaque à l’intestin des chenilles lorsque celles-ci la digèrent.

L’utilisation de ces auxiliaires est de plus en plus fréquente en agriculture biologique car elle fait appel à des moyens naturels et agit de manière ciblée avec le plus souvent des organismes indigènes. Il faut se dire que beaucoup de ravageurs sont venus d’ailleurs souvent sans leurs prédateurs.

Amblyseius cucumeris contre le thrips

Pour faciliter la vente d’auxiliaires auprès du jardinier amateur, les jardineries proposent un carton-emballage comportant les explications qui permet ensuite d’effectuer sa commande au moment importun. La commande s'effectue aussi sur internet. Certains produits se diluent dans l’eau comme le Bacillus thuringiensis et peuvent se conserver en rayon.

 

 

 

Exemples d’auxiliaires

Anti-chenilles

Vers des fruits et légumes

Bactérie Bacillus thuringiensis
Anti-pucerons

Coccinelle Adalia bipunctata (milieu sec et ensoleillé)

Chrysope (Chrysopela carnea)

Anti-thrips

Acarien Amblyseius cucumeris

Nématode Steinernema feltiae

Anti- cochenilles farineuses

Coccinelle Cryptolaemus montrouzieri (se nourrit aussi de pucerons)

Guêpe parasite Leptomastix dactylopii

Anti-aleurodes (mouches blanches) Guêpe parasite Encarsia formosa

Anti-otiorhynques

(dégâts sur racines)

Nématode Heterorhabditis megidis
Anti-mouche des terreaux

Acarien Hypoaspis miles

(s’attaque aussi aux pupes de thrips)

Anti-acariens

Acarien Amblyseius californicus sur tétranyque tisserand

Acarien Amblyseius andersoni (possible en préventif sur l'araignée rouge et agit aussi sur les thrips)

Acarien Phytoseiulus persimilis (seulement en curatif sur l'araignée rouge)

Anti-limaces Nématode Phasmarhabditis hermaphrodita
Coccinelles dévoreuses de pucerons - Photo Vavou

 

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