Jardin botanique de Montréal, toute la richesse de la flore nord-américaine

Publié le par Vavou

Le jardin botanique de Montréal est l’un des trois plus grands jardins de ce type au monde. J’ai eu la chance de le visiter l’an dernier au mois de mai et je souhaitais vous donner un petit aperçu des impressionnantes collections de ce jardin. Nous découvrirons ainsi les serres tropicales, le magnifique jardin chinois et le jardin alpin… Il y a plus de 20 000 espèces et cultivars de plantes à découvrir. Rassurez-vous, on s’arrêtera avant… Et, trêve de bavardages, commençons la visite !

 

Montréal (2011), Jardin botanique de Montréal 44899 redim Canada (2011) Montréal Biodôme et Stade olympique44897 re

L’entrée monumentale du Jardin botanique de Montréal avec le bâtiment de l’école horticole et, pas loin de là, la tour du stade olympique (Photos Vavou)

 

1 - Un jardin même pas centenaire

 

Le frère Marie Victorin (photo Wikipedia)

 

Marie-Victorin

L’idée de doter Montréal d’un jardin susceptible de rivaliser avec les grands parcs européens comme Kew ou le jardin des Plantes de Paris remonte à la deuxième moitié du XIXe siècle. Les autorités municipales attendront plus de 50 ans avant de doter enfin cette ville d’un lieu dédié à la botanique digne de ce nom. C’est un jeune professeur de botanique, le frère Marie Victorin, auteur d’une flore des Laurentides, qui convainc la ville de passer des paroles aux actes. En 1931, il obtient un terrain de 75 hectares au nord-est de la ville de Montréal, tout près de l’actuel stade olympique. Il confie l’architecture générale du jardin au paysagiste d’origine allemande Henry Teuscher, dendrologiste au jardin botanique de New York. Il deviendra quelques années plus tard le conservateur du jardin botanique de Montréal.

 

Montréal (2011), Jardin botanique de Montréal 45187 redim

La serre principale (photo Vavou)

 

Dès le début, le jardin accueille une école d’horticulture construite dans le style Art déco typique de cette époque et qui existe toujours. En 1956, le jardin s’orne de  très belles serres. Au début des années 1980, le parc accueille les Floralies internationales. Les activités scientifiques s’intensifient au point d’accueillir un institut de recherche en biologie végétale de tout premier plan. Bref, loin de se cantonner à une collection de plantes, le jardin est un lieu de sciences.

 

2 - Les serres tropicales

 

Belloperone guttata, Montréal (2011), Jardin botanique deLa serre tropicale avec des Belloperone guttata et des Vriesia (plante à droite), Jardin botanique de Montréal (photos Vavou)

 

En pénétrant dans le jardin par l’entrée principale, on découvre d’abord l’imposant bâtiment d’accueil qui fut l’école d’horticulture et juste derrière les serres tropicales. Celles-ci comptent cinq modules. Deux serres m’ont particulièrement séduite. Dans la serre des forêts tropicales humides, de très belles broméliacées telles que des Vriesa, des Aechmea, des Tillandsia frôlent vos cheveux dans une atmosphère moite où il ne manque que le chant des oiseaux. Puis vient la zone des fougères où se trouvent près de 200 espèces très bien disposées autour d’un petit ruisseau qui coule à l’intérieur même de la serre.

 

Fougères sp, Montréal (2011), Jardin botanique de MontréLa serre des fougères, Jardin botanique de Montréal (photo Vavou)

 

Montréal (2011), Jardin botanique de Montréal 45199 redim

A l’autre bout du bâtiment, vous trouverez la serre des régions arides. Bonjour l’Arizona et le Mexique illustrés par des collections de cactus cierges, les fameux Cereus. Les jardiniers y ont aussi reconstitué une petite hacienda où le dépaysement est garanti.

 

Une partie du jardin de cactées, Jardin botanique de Montréal (photo Vavou)

 

 

 

 

 

      Montagnes jardin du ciel, Montréal (2011), Jardin botaniquPlus curieux encore, se trouve au bout de cette serre une collection très curieuse de penjings, l’équivalent chinois des bonsaïs japonais. Sobre, dépouillé, presque austère, on ne reste pas insensible devant l’harmonie et la puissance dégagées par les compositions qui mêlent le végétal et le minéral de fort belle manière.  

 

Un exemple de penjings : les Montagnes, jardins du ciel, Jardin botanique de Montréal (Photo Vavou)

 

 

 

 

 

  3 – Le paradis céleste à Montréal

 

Montréal (2011), Jardin botanique de Montréal, J-copie-1Pavillon de l’Amitié, Jardin botanique de Montréal (photo Vavou)

 

Le jardin chinois est sans aucun doute le point fort de la visite. Construit en 1991, il résulte d’une collaboration entre les jardiniers de Shanghai et ceux de Montréal. Ce jardin s’étend sur 2,5 ha et compte sept pavillons très bien intégrés dans leur écrin de verdure. Ils ont été entièrement construits en Chine puis transportés en pièces détachés dans quelques 120 conteneurs. Et comme rien n’était visiblement trop beau pour ce jardin, les concepteurs chinois ont aussi amené dans leurs soutes plus de 500 tonnes de pierres ! Disposé autour d’un petit lac, on pénètre dans le jardin par une cour rectangulaire gardée par deux lions de pierre et pavée de mosaïque de galets et où s’épanouissent des cerisiers à fleurs et des azalées.

 

Montréal (2011), Jardin botanique de Montréal, Jardin chiLa cour carrée du jardin chinois, Jardin botanique de Montréal (photo Vavou)

 

On quitte ce jardin, sobre et reposant, par la porte de Lune. De là, on jouit d’une vue d’ensemble sur le jardin et notamment le lac. Un petit pont en zigzag permet de laisser derrière soi les éventuels mauvais génies qui, dans la culture chinoise, sont aussi faibles d’esprit car ils ne savent se déplacer qu’en ligne droite. Des tapis de muscaris et de jonquilles s’épanouissent sous les floraisons de Magnolia kobus – symbole de la ville de Shanghai – et des pommiers d’ornement – symbole de la ville de Montréal –.On entre alors dans le pavillon de l’Amitié, sans poser le pied sur le seuil de la porte mais en le franchissant allègrement pour ne s’attirer la malchance selon la tradition chinoise. D’inspiration Ming, ce bâtiment très imposant se distingue par son impressionnante charpente en bois.

 

    Ulmus parviflora, 80 ans, Montréal (2011), Jardin botaniqu

En sortant, on découvre alors la montagne, ses rochers et sa pagode. C’est le domaine des érables du Japon, des rhododendrons et des pins taillés en nuage. Mais avant de vous y rendre, cherchez dans les dédales de jardin, la petite cour carrée où est exposée en plein air une collection de penjings, les bonsaïs chinois. C’est un de mes endroits préférés pour son calme et la beauté des bonsaïs présentés.

 

    Un orme à petites fleurs (Ulmus parviflora) de 80 ans, Jardin botanique de Montréal (Photo Vavou)

 

Un dernier coup d’œil sur le curieux bateau de pierre qui semble flotter à même les eaux du lac et on poursuit la visite. On n’est encore que dans le premier quart du jardin botanique…

 

4- Le jardin alpin

 

Montréal (2011), Jardin botanique de Montréal, jardin desPetit aperçu de la collection de conifères du jardin alpin, jardin botanique de Montréal (photo Vavou)

 

Juste à côté du jardin chinois se trouve le jardin alpin qui, vues les conditions climatiques de Montréal l’hiver, se devait d’accueillir un jardin digne de ce nom. Disposé autour d’un monticule rocheux, le jardin alpin se caractérise par une collection de conifères typiquement nord-américains tel le mélèze larcin (Larix laricina), le thuya géant (Thuja plicata) des Tsuga et des pins blancs (Pinus strobus), rouges (Pinus resinosa), gris (Pinus contorta), argentés et pleureurs de surcroît (Pinus monticola 'Rugby's Weeping'), tous adaptés aux hivers rigoureux du Canada.

 

Mais, en ce mois de mai, l’arbre que j’ai trouvé le plusPicea asperata, Montréal (2011), Jardin botanique de Montr curieux est un épicéa de Chine, Picea asperata, qui présente de fort jolis bourgeons tout roses sur un fond d’aiguilles bleutées. Rien de plus, seulement la simplicité et la surprise de ces petits bourgeons tout craquants.

 

Picea asperata, Jardin botanique de Montréal (photo Vavou ci-contre à droite)

 

Et puis, tout à coup, un drôle d’espace rocailleux constitué de longues barres de grès attire mon attention. Et là, surprise ! Pensant ne voir là que quelques vulgaires pins nains, me voici face à une variété de pin dont certains sujets vivants aux États-Unis sont contemporains de Mathusalem : le fameux Pinus aristata. Certains exemplaires de ce pin typique des montagnes Rocheuses atteignent plus de 2000 ans dans leur milieu naturel. Ici, les arbres ont tout au plus 20 ans. Ce ne sont donc encore que des nourrissons qui deviendront peut-être centenaires si la nature et les hommes leur prêtent vie.

 

Pinus aristata, Montréal (2011), Jardin botanique de MontrPinus aristata, Jardin botanique de Montréal (Photo Vavou, ci-contre à gauche)

 

Dans l’idée d’un jardin alpin soumis aux rudes conditions de la haute montagne, les créateurs du parc ont mis l’accent sur les nombreuses plantes vivaces rases et tapissantes que l’on trouve souvent en altitude. Savamment disposés sur un sol rocailleux, sec et entrecoupé de crevasses, des tapis de Globularia cordifolia jouxtent des massifs de phlox nains et des ancolies du Canada (Aquilegia canadensis). On trouve aussi une belle collection de pulsatilles, avec des cultivars roses, rouges, bleues…

 

 

 

 

 

   Aquilegia canadensis, Montréal (2011), Jardin botanique de Globularia cordifolia, Montréal (2011), Jardin botanique d

Aquilegia canadensis (ci-dessus à gauche) et Globularia cordifolia (ci-dessus à droite), Jardin botanique de Montréal (photos Vavou)

 

Pulsatilla pratensis ssp Zimmermanni, Montréal (2011), JarPulsatilla pratensis ssp Zimmermanni, Jardin botanique de Montréal (photo Vavou)

 

Lewisia tweedyi, Montréal (2011), Jardin botanique de MontEt au milieu de tout cela, trois plantes ont retenu mon attention en ce début de printemps : un petit Lewisia tweedyi aux charmantes fleurs saumon et que je ne pensais pas être aussi rustique. Ce Lewisia, originaire de l’État de l’Oregon est très rare ce qui lui vaut le statut de plante protégée. S’il résiste à des températures avoisinant les -30°C, il déteste en revanche l’humidité stagnante qui provoque la pourriture de sa rosette de feuilles. Il pousse donc souvent dans les crevasses où l’eau ne fait que passer sans s’attarder. À défaut de vous procurer L. tweedyi, vous pourrez toujours satisfaire vos envies de petites fleurs saumon avec Lewisia cotyledon, plus facile à trouver mais pas forcément à cultiver car il ne résiste guère à -8°C ce qui en fait une plante de serre froide chez nous.

 

Lewisia tweedyi, Jardin botanique de Montréal (photo Vavou)

 

J’ai aussi repéré une belle tulipe aux pétales flammées tant par la forme que la couleur jaune et orange feu : Tulipa acuminata. Mais rien de canadien puisque cette tulipe est une vielle variété d’origine turque. La dernière curiosité est un Polygala chamaebuxus, un petit arbuste de 20 à 30 cm de haut et couvert de ravissantes fleurs jaunes et mauve pâle. Avec le jardin botanique du Lautaret en France, c’est un des plus riches jardins alpin qui m’a été donné de voir.

 

Tulipa acuminata, Montréal (2011), Jardin botanique de Mon  Polygala chamaebuxus, Montréal (2011), Jardin botanique de

Tulipa acuminata (à gauche) et Polygala chamaebuxus (à droite), Jardin botanique de Montréal (photos Vavou)

 

5 - L’arboretum

 

Malus florinbunda, Montréal (2011), Jardin botanique de MoMalus floribunda, jardin botanique de Montréal (photo Vavou)

 

Un bon tiers de la surface totale du jardin botanique est occupé par un arboretum créé en 1970 et contenant une impressionnante collection de conifère nord-américain qui complète celle du jardin alpin, une collection de tilleuls venant de lieux aussi improbables que la Mandchourie ou la Mongolie. Mais, spécialité canadienne oblige, deux espèces d’arbres ont particulièrement retenu mon attention en ce début de printemps : les magnolias jaunes dont je vous ai déjà parlé dans un article précédent et une collection de pommetiers. Des pommetiers…, mais qu’est-ce donc ? Ce sont tout simplement ce que nous appelons chez nous les pommiers d’ornements (Malus floribunda). Ces pommiers sont très rustiques puisqu’ils résistent sans problème aux hivers boréaux. Au jardin botanique de Montréal, vous trouverez toutes les combinaisons possibles chez les pommetiers : feuilles vertes ou pourpres, fleurs blanches ou roses, fruits rouges ou orange, les mariages semblent infinis. Il y avait enfin un très beau jardin de vivaces de mi-ombre mais dont je vous parlerai dans un autre article.

 

6- Autres articles de saison

 

Vous trouverez également sur mon site des articles de saison qui vous intéresseront peut-être et qui concernent :

 

D’autres jardins à visiter

o Les Tropiques au Conservatoire botanique de Brest

o Val Rahmeh, un jardin d’acclimatation à Menton

o Le jardin Albert Kahn 

 

Les plantes d’ornement :

o Les rhododendrons, feu d’artifices printanier

o Les fleurs et feuillage pourpres

o Les primevères de jardins

 

Le potager

o Tomates et basilic ou l’art d’associer les légumes

o Vertus des légumes de saison (tomates, aubergines, courgettes, poivrons)

o Les légumes perpétuels

o Les semis de tomate

o Le pincement et la taille des tomates, poivrons et melons

 

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M
tu as du faire un très beau voyage! très instructif ton post<br /> a+ mp<br /> le jardin boultois
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V
<br /> <br /> Effectivement, le voyage fut très agréable. Le Québec nous propose une flore vraiment particulière. Rien d'exotique, des genres très similaires aux nôtres et pourtant des espèces très<br /> différentes: des chênes d'Amérique au lieu de nos chênes européens, des érables qu'on croit reconnaître mais qui sont différents des nôtres, et une impression d'immensité qui nous désarme<br /> parfois. Bref, un beau pays à voir et à revoir d'autant plus que les Québécois sont très accueillants.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
V
magnifique ce jardin, merci! j'avais ce petit polygala, mais il n'a pas l'air d'avoir résisté a cet hiver...je craque sur l'ancolie rouge!!! bonne journée. cathy
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