Bons ou mauvais insectes ?

Publié le par Vavou

Libellule aeschne bleue, un prédateur redoutable - Photo Vavou

Le jardin abrite une myriade d’insectes dont nous ignorons souvent totalement l’existence. Une bonne partie se nourrit de plantes vivantes ou en décomposition, d’autres sont prédateurs, et certains parasitent les premiers pour s’en nourrir. Appréhender le rôle de chacun d’eux demeure assez complexe et tenter de les réguler un jeu très hasardeux.

1 - Les insectes, une armée silencieuse

 

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Sauterelle verte - Photo Vavou

Les actions et interactions qui règnent au sein des insectes est difficile à appréhender tant ils sont nombreux et souvent invisibles aux yeux du jardinier. Leur biomasse sur Terre représenterait 6 fois celle de la population humaine soit 27 milliards de tonnes !  Ils jouent un rôle essentiel, notamment celui de nous débarrasser des déchets végétaux ou animaux, des cadavres sous lesquels nous serions ensevelis.

L’entomologiste Franck Lutz a ainsi détecté 1500 espèces d’insectes dans son jardin sur une année ! Finalement il faut avouer qu’une minorité d’entre eux dérangent le jardinier.

L’utilisation de produits insecticides est toujours très délicate car elle ne fait aucune distinction entre les insectes et pour quelques centaines de pucerons tués, vous aurez éliminé la quasi-totalité de leurs prédateurs beaucoup moins nombreux (chrysopes, coccinelles ou autres). Les pucerons rescapés ayant développé une résistance à l’insecticide et, désormais débarrassés de leurs prédateurs, ont ainsi le champ libre pour se multiplier à foison. Le cycle de traitements chimiques à répétition s’enclenche alors, avec l’emploi de nouvelles molécules dont la dangerosité pour l’environnement (et l’homme) est souvent sous-évaluée. Il devient en effet impossible de tester les conséquences sur l’organisme d’un cocktail de substances chimiques absorbées tout au long d’une vie.

2 - L’alimentation des insectes

Les insectes passent par différents stades : larve, nymphe, adulte (= imago) pendant lesquels l’alimentation peut évoluer.

Espèce de collembole

On distingue les insectes :

  • charognards très utiles qui décomposent la matière morte animale ou végétale, voire les excréments. La blatte et la fourmi sont les représentants qui viennent à l’esprit quoique parmi les fourmis, certaines soient herbivores, carnivores voire omnivores ! Les mouches (ordre des diptères) renvoient une image souvent négative car les plus communes s’attaquent aux cadavres et détritus, certaines mordent comme le taon. Mais les principaux insectes décomposeurs sont les collemboles, pas plus gros qu’une tête d’épingle, qui se déplacent en faisant des bonds dans l’humus. Ils sont considérés comme des insectes primitifs du sous-embranchement des hexapodes.
  • Les herbivores sont ceux qui gênent le plus le jardinier. Certains mâchent les feuilles en se déplaçant comme les chenilles défoliatrices, d’autres enfoncent leur stylet dans les tissus de la plante et sucent la sève en restant immobile (pucerons, thrips). D’autres enfin sont plus sournois et mangent la plante de l’intérieur comme les pyrales. Lorsque vous réalisez leur présence, il est souvent déjà trop tard pour intervenir.
  • Les carnivores intéressent deux groupes d’insectes souvent considérés comme les alliés du jardinier puisqu’ils éliminent les ravageurs : les prédateurs et les parasitoïdes.
Carabe - Photo Vavou

Les  insectes prédateurs les plus courants sont les coccinelles, lions des pucerons (chrysopes), libellules, punaises, mantes-religieuses, guêpes, syrphes, carabes, lucioles, certaines chenilles. 50% des insectes prédateurs appartiennent au groupe des coléoptères, ordre le plus important du règne animal.

Certains comme les carabes s’attaquent non seulement aux insectes mais aussi aux escargots, mites et vers de terre. Ce sont des insectes discrets, parfois gros (2,5 cm) qui vivent dans le sol ou dans les arbres. Une espèce européenne est connue pour se nourrir de thrips, chenilles, charançons, pucerons, nématodes, limaces, poissons d’argent et drosophiles.

Chrysope sur œnothère - Vavou

Le lion des pucerons (chrysope) s’attaque tout au long de sa vie aux pucerons, cochenilles, mouches blanches, chenilles, cicadelles, psylles, thrips, mites…

La larve du syrphe est aussi un excellent prédateur de pucerons tandis que l’adulte se nourrit de nectar. Il est reconnaissable à sa robe de guêpe et son vol stationnaire au-dessus des fleurs.

Syrphe adulte sur fleur de pastel - Photo Vavou

 

 

 

 

 

Les parasitoïdes déposent leurs œufs sur ou dans un insecte hôte qui finit par être consommé par les larves et meurt. Notez bien que les insectes dits « parasites » se contentent de prélever du sang ou se nourrir de peaux mortes sans entraîner la mort de l’hôte (moustiques, puces…). L’homme n’a pas à craindre les parasitoïdes qui sont incapables de percer la peau ou de piquer.

Il s’agit souvent de guêpes parasitoïdes (Aphidius…) ou de mouches comme la tachidine parasitaire capable de « s’attaquer » aux chenilles de papillons, guêpes, mouches à scie, coléoptères, criquets, punaises…

Guêpe parasitoïde Cotesia glomerata parasitant une chenille de piéride du chou- Photo Passion-entomologie.fr

 

 

Deux espèces de punaises sur fleur d’agastache - Vavou

Parmi les punaises, certaines sont prédatrices, d’autres végétariennes. Cet ordre des hémiptères est caractérisé par un appareil piqueur-suceur, le rostre, qui sert à la prédation comme chez le gerris (araignée d’eau) ou à sucer la sève des plantes comme chez la punaise verte. Par cet exemple, on voit qu’il est bien difficile de catégoriser les groupes d’insectes d’autant que certains ont acquis une mauvaise réputation par ignorance. Le pince-oreille observé souvent sur les légumes et fruitiers vient en réalité trouver un abri pendant la journée alors qu’il se nourrit de matière animale et végétale en décomposition, d’acariens, nématodes, d’insectes à corps mous (pucerons, cochenilles). Mais il est vrai que dans un jardin trop bien entretenu (sans détritus au sol), le pince-oreille se rabat quelquefois sur les plantes pour se nourrir.

 

3 - Les insectes nuisibles

La qualification de « nuisible » est une notion foncièrement humaine car il n’y a pas de nuisibles dans la nature. Le puceron passe totalement inaperçu lorsqu’il est en petit nombre ou dévoré par une coccinelle. La larve de la cétoine dorée, aux allures de gros vert blanc, est fréquente dans le compost et se nourrit de bois décomposé. Elle participe ainsi à la transformation de la matière organique, tandis que l'adulte, si étincelant dans son habit moiré, se nourrit de pollen au printemps, contribuant à la fois à polliniser et castrer les fleurs, et de fruits à l'automne. C’est finalement votre seuil de tolérance, qu'il soit d’ordre esthétique, économique voire affectif, qui déterminera la notion de nuisibilité.

D’autre part, il faut savoir que l’accroissement soudain d’une population d’insectes est généré par un déséquilibre écologique au sein du jardin. Pour remédier à cet état d’instabilité, un moyen sûr est d'accroître la biodiversité des lieux. Les interactions multiples entre une communauté de plantes, d’insectes et autres limitent en effet les risques de déséquilibre. Créer de la diversité tant au niveau des plantes que des habitats (mares, rocailles, murets, sols différents…) vont finalement garantir la santé de votre jardin, en attirant une faune variée. 

Hanneton sur châtaigner - Photo Vavou
Larve de cétoine dorée - Vavou
Cétoine dorée adulte sur fleur de gaura - Photo Vavou

 

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