Osier, le saule de vannerie dans tous ses états

Publié le par Vavou

L’osier des vanniers (Salix sp) accompagne les hommes depuis des millénaires sous forme de paniers, cabanes, tontines ou clôtures. Les premiers récipients étaient faits d’osier tressé avant l’utilisation de la terre cuite. La souplesse et la solidité de ses longs brins en ont fait la plante préférée des vanniers de nos contrées occidentales. Coupé, transporté, tordu, après avoir été soumis aux pires tortures, l’osier est capable de reprendre racine pour former des clôtures vivantes. Après un bref rappel botanique, nous verrons comment réaliser quelques vanneries simples.  

Haie d’osier tressé en croisillons à Limeuil en Dordogne -photo Vavou
 
 

1 - L’Osier, des saules au pluriel

L’osier est le terme vernaculaire qui désigne en fait différentes espèces de saules utilisables en vannerie. La plupart d’entre elles poussent le long des berges ou dans des zones humides. Autrefois, taillés en têtard, ces vieux arbres fournissaient chaque année les précieux fagots d’osier tout en marquant les limites des champs.

Aujourd’hui, les oseraies sont constituées de pieds-mères taillés au ras du sol pour faciliter la récolte des brins à la machine. Cette dernière se réalise entre les premières gelées d’octobre et le mois de mars. Le tressage de l’osier muni de son écorce doit avoir lieu avant la reprise de la végétation qui a lieu vers avril-mai.    

Oseraie de l'Ile à Barie en Gironde - photo Vavou

Plusieurs espèces peuvent être employées, chacune variant essentiellement par sa couleur (voir tableau ci-dessous). 

Salix viminalis

Ecorce verte

Salix alba-vittelina

Ecorce jaune

Salix purpurea

Ecorce pourpre

Salix triandra (Noir de Villaine)

Ecorce brune

Salix daphnoides ‘Aglaia’

Ecorce noire

Salix fragilis

Ecorce rouge

Salix alba ‘Britzensis’

Ecorce orange

Différentes variétés d’osier à l’oseraie de l'Ile à Barie en Gironde (photo Vavou)
Osier tortueux -photo Vavou

Les pousses du saule pleureur (Salix x sepulcralis) peuvent aussi servir comme élément de décoration si vous avez rabattu l’arbre l’année précédant la récolte  afin d’obtenir de longues pousses torsadées.

Osier, saule, Salix, vannerie, Barie (33) Oseraie -copie-3

Osier noir (Salix triandra) et osier orangé (Salix viminalis) (photo Vavou)

2 - L’osier sous différentes formes

Brins d’osier avec et sans écorce (photo Vavou)

L’osier vivant est livré entre décembre et avril. N’oubliez pas de préciser la grosseur des brins lorsque vous passez commande. Pour la construction de fascines qui retiennent la terre, des gaulettes de 25 à 50 mm sont utilisées pour les montants puis des brins de de 10-12 mm pour le tressage.

Hormis dans le cas de brins venant d’être fraîchement récoltés, ceux-ci doivent être immergés à nouveau dans l’eau pendant 8 à 10 jours après réception des bottes afin d’assouplir l’osier et de pouvoir les tresser sans les briser. Si les brins ne sont pas maintenus vivants (comme dans le cas des clôtures plantées en plein sol), ils finissent par voir leur écorce se brunir et flétrir au bout de trois ou quatre ans. C’est pourquoi l’osier est parfois traité en autoclave pour un meilleur maintien à l’extérieur. 

Objets en vannerie -photo Vavou
Quant à l’osier blanc, c’est un osier débarrassé de son écorce qui est généralement destiné à la vannerie pour des ustensiles d’intérieur. Après avoir laissé la base des fagots trempée dans l’eau jusqu’à la reprise de la végétation en mai, les brins sont écorcés puis mis à sécher pour révéler une belle couleur crème. Quelques heures dans l’eau suffisent alors pour les assouplir.

3 - Construire une cabane en osier

Cabane en osier sec, jardin botanique de Montpellier (photo Vavou)
Cabane en osier vivant au jardin botanique de Nantes (photo Vavou)

Façon tipi ou façon igloo, rien de plus simple que de tresser de l’osier en formant des croisillons. Ce travail peut être réalisé par un enfant avec l’aide d’un adulte.

  • 150 gaulettes vivantes de 10-12 mm de diamètre et d’au moins 2,50 m de haut.
  • Raphia et sécateur

Technique d’élaboration   (Voir photo en début d'article)

  • Tracez un cercle à la chaux ou avec du sable de 1 m de diamètre avec un piquet et une corde, à l’emplacement prévu pour la cabane.
  • Préparez les gaulettes toujours conservées dans l’eau en retaillant la base la plus large en biseau.
  • Vous enfoncerez les gaulettes groupées par 4 (ou 2 selon le calibre) tous les 15 cm environ, le long du cercle en laissant l’emplacement de l’entrée. Vous pouvez vous aider préalablement d’une barre à mine si le sol est dur. Les tiges doivent être enfoncées d’environ 30 cm dans le sol. Prévoyez du terreau pour remblayer les trous en prenant soin de bien tasser le sol au pied des gaulettes.
  • Séparez ensuite 2 brins vers la droite et 2 vers la gauche et formez des croisillons en passant dessus-dessous jusqu’à former un dôme. Pour vous aider dans votre tâche, fixez avec du raphia chaque croisillon. Arrosez copieusement tous les jours les « pieds » de la cabane.
  • Attendez quelques semaines que le saule soit raciné pour fermer le toit en dôme en croisant les brins opposés. Pour le tipi, les brins sont liés tous ensemble au sommet de la tente. Peu de temps après, le feuillage apparaît et achève le cloisonnement des parois.
  • Chaque hiver, une taille minutieuse des brins de l’année est exécutée pour remettre à jour la structure en croisillons.
Cabane en osier vivant à l’oseraie de l'Ile à Barie en Gironde - @ Vavou

 

Clôture vivante terminée en pointes. - @ Vavou

Le principe de la cabane est reproduit pour réaliser des clôtures vivantes. Le saule peut se planter dans une grande jardinière et servir de claustra sur un balcon ou s’ajouter à une composition de vivaces ou de plantes à massif pour former un écran végétal. 

4 - Tontines pour plantes grimpantes

Au 18e siècle, les navires explorateurs rapportaient des plantes de pays lointains dans des tontines faites de bois tressé pour les protéger pendant le transport. Cette technique en tipi est reprise aujourd’hui pour servir de support à des annuelles grimpantes. Les jardineries proposent aujourd’hui des tontines toute faites mais il est possible de les réaliser soi-même avec un bon guide pratique. tontine006012

Voici quelques rudiments à connaître pour bien commencer.

  • Une botte de 25 brins d’osier de faible diamètre est suffisante pour réaliser une tontine.

  • Fixez environ 20 brins espacés de 7-8 cm autour d’un grand pot ou d’un panier rond avec un tendeur de manière à donner une forme ronde à la base de la tontine.

  • Prenez 3 brins bien assouplis dans l’eau et débutez une torche à 3 brins à 15 cm du bord comme sur le dessin. Commencez le tressage avec le bout le plus épais des brins A, B, C.

Schéma pour réaliser une torche (Schéma Vavou)

1- Faites passer le brin A devant 2 brins verticaux puis derrière le brin suivant. 

2- Faites la même chose avec les brins B et C, puis reprenez le brin A et continuez à tourner vers la droite jusqu’à superposer 4 rangs.

3- Lorsqu’un brin se termine, couplez le bout effilé sur une longueur de 5 cm avec un nouveau brin en commençant par son bout le plus épais afin de conserver une épaisseur homogène au fil du tressage. Pour terminer la torche coudez l’extrémité des 3 brins sur 5 cm et glissez-la dans le tressage verticalement.  Schéma de croisement des brins et ligatures (schéma et photo Vavou) Reproduisez 2 torches comme sur la photo. Il existe bien d’autres manières de procéder et notamment en façonnant un cône. Vous trouverez de multiples ouvrages qui expliquent l’art de la vannerie destiné aux novices.      Atelier Osier, Mios (33) Salix, Osier 42257 redimensionner Atelier Osier, Mios (33) Salix, Osier 42258 redimensionner Atelier Osier, Mios (33) Salix, Osier 42259 redimensionner  Atelier Osier, Mios (33) Salix, Osier 42263 redimensionner  Atelier Osier, Mios (33) Salix, Osier 42267 redimensionner  Atelier Osier, Mios (33) Salix, Osier 42271 redimensionner

Différentes étapes de réalisation d’une tontine tipi (photo Vavou)

Et voici enfin, quelques exemples de réalisations aussi originales que variées. L’imagination n’a pas de limites tant l’osier se prête à n’importe quel tressage.

 

Panier tressé, huttes et tontines (photo Vavou)  

Articles de saison

Pour aller plus loin dans l'art de la vannerie, les sites ne manquent pas. L'un a retenu un peu plus mon attention : celui d'Etienne Métézau, artisan vannier  en Indre et Loire.

Vous trouverez également sur mon site des articles de saison qui vous intéresseront peut-être (voir le tableau ci-dessous). Vous pouvez également consulter la page des travaux du mois (colonne à droite) ou vous abonner à la newsletter pour être averti de la publication de mes nouveaux articles sur le jardin.

      

Publié dans Arbustes

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B
Êtes vous actif ?<br /> Kenavo
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V
Oui, ça dépend pour quoi !
4
Bonjour, ou puis-je acheter des fagots d'osier pour fabriquer des paniers svp? merci de votre répons.cordialement
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V
Bonjour, vous pouvez peut-être trouver des osiéristes près de chez vous en tapant sur internet sinon, voici un producteur qui fait des envois en collissimo<br /> http://etienne.metezeau.over-blog.com/page-8364144.html<br /> Bonne chance !
R
super article<br /> Malheureusement j'ai planté mes osiers depuis 10 ans à un mauvais endroit de mon jardin, je voudrais les arracher comment faire pour qu'ils ne repoussent pas ? Je sais, c'est tellement dommage.merci
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V
Bonjour, <br /> Le saule est tenace, la première chose est de couper la souche à ras, d'éviter l'arrosage à cet endroit et de recouvrir la zone avec un large plastique noir avec les bords bien enfouis dans la terre, pendant au moins une année. C'est la manière la plus écologique pour éviter l'emploi de désherbants systémiques.
A
Merci pour cet article complet sur l'osier vivant. Ça me donne envie d'essayer une alcôve en osier pour le jardin. J'aime beaucoup l'esthétique de l'entête du blog. Bravo et encore merci.
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V
Merci pour les compliments ! Malheureusement on n'est un peu trop avancé dans la saison pour travailler l'osier vivant mais vous pouvez réaliser des tressages avec de l'osier séché remis à tremper.
E
Bonjour vous avez fais un très joli blog bravo<br /> A bientôt<br /> Etienne Métézeau osiericulteur a Villaines-les-Rochers
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V
<br /> <br /> Merci beaucoup pour vos encouragements. Votre site est également fort bien renseigné. Je vais d'ailleurs en conseiller la lecture à la suite de mon article sur les osiers dès ce soir !<br /> <br /> <br /> Bon weekend<br /> <br /> <br /> Vavou<br /> <br /> <br /> <br />
D
L'osier, magique par son écorce l'hiver. Nous nous sommes essayés à former l'osier vivant en créant une yourte mais on a été confronté à des difficultés pour maintenir la forme car les tiges<br /> deviennent vite des petits troncs mais l'exercice est amusant.
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V
<br /> <br /> Bonjour, la cabane en osier est amusante à confectionner mais un peu plus difficile à entretenir et surtout à arracher, une fois les pieds racinés. Mais c'est tellement amusant de se<br /> retrouver dans une cabane vivante !<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />